J’ai construit mon tout premier site internet en 2003, et à l’époque, j’en étais vachement fier. Même aujourd’hui, je conserve une copie de ce site sur mon ordi, et je le consulte de temps en temps. Mais ce n’est pas du tout histoire de vouloir m’émerveiller à sa beauté – ce site est une vraie cata, je peux vous dire. Non, je le fais plutôt pour me rappeler de tout ce que j’ai appris depuis.

Comme la plupart des gens, je n’avais aucune idée de ce que je voulais faire dans la vie. J’ai pris le premier boulot que j’ai trouvé qui me payait assez pour vivre, et c’est ainsi que je me suis lancé dans un parcours professionnel particulier, sans penser à mon avenir.

Je n’ai jamais étudié le web design. Je ne possède aucun document officiel qui me qualifie comme web designer non plus. C’était juste quelque chose qui me passionnait et que j’ai appris à faire pour le fun. Mais c’est devenu aujourd’hui ce que je fais dans la vie, à mon propre compte et à plein temps. Et même après toutes ces années, je suis toujours assailli par des crises de confiance.

Pour moi, ce job est un vrai grand huit des émotions, avec des sommets de joie suivi de tout près par des creux de peur brute. Voici comment ça se déroule…

Étape 1 : demande de devis par nouveau client

Sentiment accablant de doute de soi. Cas grave du syndrome de l’imposteur. Espère irrationnellement que le client refuse le devis et prenne contact avec une autre agence. Commence à réfléchir sérieusement sur la suppression de notre site internet pour empêcher tout autre demande de devis.

Étape 2 : le client donne le feu vert

Le Nadir. Niveau de panique crève le plafond. M’assois devant mon ordi en regardant un écran vide pendant des heures. Commence. Supprime tout et recommence. Pause café / Twitter. Répète en boucle. Sur le point de crever du syndrome de l’imposteur. Deviens grand-maître des procrastinateurs. Rêve d’un changement de métier. N’importe quel autre métier.

Étape 3: ça commence à prendre forme

Exaltation. Je suis sauvé, j’assume, je gère. J’ai le meilleur job du monde. Plus ça évolue, plus ma confiance augmente. Le fait d’avoir créé quelque chose de tout nouveau me fait un petit velours.

Étape 4 : conception soumise au client pour approbation

À nouveau accablé par l’incertitude. J’ai le pire job du monde. Veux détruire l’internet pour être sûr que la monstruosité que je viens de créer ne voie jamais le jour. Tenté de déménager / débrancher le téléphone pour ne plus pouvoir recevoir des retours.

Étape 5 : client donne son accord

Euphorie, justification, soulagement monumental. C’est à nouveau le meilleur job du monde. Quelle chance d’avoir un boulot où on est payé pour s’amuser ! On dirait que suis un genre d’escroc…

Étape 6 : construction du site

C’est le moment de s’y atteler. Cette partie est un mélange de fun et de fastidieux. Susceptible de hurler des insultes à l’ordi de temps en temps, même si c’est pas du tout sa faute, le pauvre.

Étape 7 : lancement du site !

Soudaine panique en réalisant que le site est désormais accessible au public. Vous avez jamais eu le genre de rêve où, au bout d’un moment vous vous rendez compte que vous êtes complètement à poil ? Ça. Envie de supprimer le site, malgré le fait que on vient tout juste de me demander de le mettre en ligne.

Me calme. Me sens tout bête d’avoir flippé, vu que le client a l’air plutôt content. Prend la résolution de ne plus baliser comme un malade à chaque fois que j’entame un nouveau projet (tout en sachant que c’est bien inévitable).

Recommencer…

(Celui qui devine correctement à quelle étape je me retrouve à l’heure actuelle gagne un site internet gratuit *.
* Je plaisante ! Croyez-vous vraiment que subirai tant de stress sans être rémunéré ?!)